sábado, 21 de novembro de 2009

Fraternidade S.Vicente Ferrer: comunidade Dominicana que celebra Missa Tridentina


Né en 1949, à Madrid, le Père Louis-Marie de Blignières fait ses études primaires et secondaires classiques à Paris (1956-1967), puis des études scientifiques supérieures à l'Ecole Sainte-Geneviève de Versailles et à la faculté des Sciences d'Orsay (1967-1972).
Il entre alors dans une communauté bénédictine apostolique à Martigny dans le Valais suisse (1972-1975) et après avoir complété ses études sacerdotales dans la Fraternité Saint-Pie X, est ordonné prêtre en 1977 par Mgr Lefebvre.

Il donne à Paris un cours sur la spiritualité thomiste et fonde les Retraites du Rosaire. En 1979, il fonde la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier à Chémeré-le-Roi en Mayenne.
Le Père L.-M. de Blignières est titulaire d'une Maîtrise de Mathématiques - Physique, d'un Certificat d'Etudes Supérieures d'Astrophysique, et d'un Doctorat de Philosophie (Le mystère de l’Être, L’itinéraire thomiste de Guérard des Lauriers).
Il est l'auteur du livre Les fins dernières, d'un commentaire de la romance Au commencement, le Verbe de Saint Jean de la Croix et anime des séances de formation pour étudiants et jeunes professionnels (Café-Caté)

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Comment est née la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier ? (1)


La Fraternité est née d'un appel du Christ à une consécration dans la radicalité des conseils évangéliques, et d’un choc : la rencontre avec la misère de l'ignorance religieuse.
Embrasser la Croix que le monde fuit et nous consacrer à la prédication de la Vérité évangélique dans une société marquée par le relativisme : tel a été notre projet de vie, concrétisé en septembre 1979 par la fondation du Couvent Saint-Thomas-d'Aquin à Chémeré-le-Roi, en Mayenne. Actuellement nous sommes quinze religieux, dont huit prêtres et un diacre.

Pourquoi une fondation nouvelle ?


Nous avons voulu vivre le charisme de cette vie apostolique avec les moyens éprouvés que nous lègue la tradition. Notre projet ayant mûri en contexte de crise, nous n'avons pas frappé à la porte de l’Ordre des Prêcheurs. La vague des remises en cause — crise liturgique, sécularisation, doutes sur la doctrine de saint Thomas d'Aquin, déviations doctrinales — déferlait sur l’Eglise et atteignait aussi les provinces dominicaines… Une large enquête fut confirmée par ce qu’un Père, qui devait ensuite accéder à de hautes charges dans l’Eglise, m’écrivait en 1977 : « Aucune des options possibles n’offre une vie dominicaine parfaite. La vocation dominicaine devrait être assez forte pour pouvoir la vivre malgré certaines misères actuelles ; tout comme on devient prêtre aujourd’hui souvent malgré les séminaires, mais parce qu’on cherche le sacerdoce ». Nous avons donc tenté de vivre le charisme de saint Dominique dans une fondation nouvelle. Nous avions conscience du statut non canonique de notre entreprise. Dans l’attente d’une régularisation, nous n’avons prononcé que des vœux privés. Partie prenante de la réaction « traditionaliste », nous avons rédigé des travaux sur la crise dans l'Église, notamment sur la liberté religieuse. Dès 1980, nous avons multiplié les contacts avec évêques et théologiens. Il nous paraissait capital d'approfondir les questions en débat, et de travailler à l'unité dans la vérité.

Quel a été l'aboutissement de ce travail ?


Après des recherches approfondies, nous avons été conduits en 1987 à un changement de position sur la liberté religieuse. Nous nous étions trompés sur un point de notre critique. Le magistère n’a pas promulgué quelque chose de contradictoire avec les enseignements antérieurs, comme nous le pensions auparavant et comme continuent à l'affirmer des opposants des deux bords. La Déclaration du Concile sur ce sujet est faible, équivoque, dangereuse, mais non pas erronée en son enseignement principal. On peut, sans dissidence et sans néo-modernisme, être en communion avec le Magistère authentique de l'Église. Le Catéchisme de l'Église Catholique, des encycliques de Veritatis splendor à Ecclesia de Eucharistia confirment une continuité substantielle.
Cela n'exclut pas la possibilité de points de désaccord. Une part du discours et de la pastorale actuels en matière d’œcuménisme, de dialogue interreligieux, de rapports avec la société civile, de collégialité, de liturgie, contribue à la crise d’identité que traverse le catholicisme. Les fidèles ont « le droit et même le devoir » (canon 212 § 2) d’attirer l’attention, dans un esprit constructif, sur les aspects négatifs. Nous l’avons fait respectueusement — par des mémoires au Saint-Siège ou des articles — à propos d’Assise, des repentances, du statut de la messe traditionnelle. Nous sommes conscients qu’il revient à l’autorité un rôle décisif pour dénouer la crise. Des éclaircissements dogmatiques, précisant ceux des textes qui ont donné lieu aux interprétations erronées, nous paraissent notamment nécessaires.
Cette attitude n’a pas été considérée par le Saint-Siège comme un obstacle à notre reconnaissance. Malgré notre petit nombre, la Commission Pontificale Ecclesia Dei nous a érigés, deux mois après notre demande, en Institut de droit pontifical. Dans une audience privée, le Pape nous a félicités de notre étude sur la liberté religieuse qui, tout en montrant la continuité avec le magistère antérieur, affirmait les limites de la Déclaration et les droits du Christ-Roi. Nos Constitutions ont été approuvées définitivement dans un délai très bref, en avril 1995.

Et les dominicains ?


Les autorités de l'Ordre des Prêcheurs (dont nous ne dépendons pas canoniquement) ont plutôt mal pris notre reconnaissance par la hiérarchie. Un dialogue a été noué pour étudier la possibilité d'entrer dans la Famille dominicaine. Cette formule reconnaîtrait notre parenté, sans nuire à l'autonomie juridique et au charisme spécifique. Il faudra du temps pour que les choses aboutissent, en particulier pour que notre spécificité liturgique soit ressentie comme légitime. Nous avons déjà reçu d’un Maître de l’Ordre la participation aux biens spirituels de l’Ordre. Les contacts sont nombreux avec des pères de diverses provinces. Ce sont des dominicains qui prêchent habituellement nos retraites de communauté. Des Pères nous ont dit retrouver dans notre Couvent la vie qu’ils avaient connue avant la crise.

Pourquoi votre Institut est-il sous le patronage de saint Vincent Ferrier ?


Parce que c'est une sorte « d'apôtre des temps difficiles ». Dans un temps où s'accumulent les catastrophes — guerres, peste et Grand Schisme —, saint Vincent (1350-1419) fait rayonner les facettes de la grâce de saint Dominique : aspects intellectuel, spirituel et apostolique. C'est de lui qu'est cette sentence d'une vérité brûlante en nos temps de misère liturgique : « La Sainte Messe est l'acte le plus haut de la contemplation » (2). Sa prédication des perspectives eschatologiques, sa conception de la chrétienté, son énergie sont une leçon pour la modernité occidentale, qui glisse dans le suicide de civilisation par matérialisme et désespoir.

Quelle est la spiritualité de votre communauté ?


Le cœur de cette vocation dominicaine est contemplatif. La finalité est « la prédication et le salut des âmes ». Ce n'est pas uniquement une vocation d'intellectuel. Les moniales, les frères convers, les missionnaires, les artistes sont de véritables dominicains ! Tous abordent les choses sous l'angle de la lumière de la vérité. Sainte Catherine de Sienne dit que l'aspect spécifique de la charité cultivé par Dominique, c'est le « salut des âmes par la lumière de la science » (3).
Outre l'étude de la vérité sacrée, la vie dominicaine comprend les observances conventuelles et la célébration solennelle de la liturgie. L'idée de Dominique était d'amener par ces moyens les religieux à être pénétrés du dépôt révélé et à le communiquer par une « prédication découlant de l’abondance de la contemplation ».
Dans cette atmosphère de joie caractéristique du « Patriarche apostolique », nous nous efforçons de vivre un approfondissement marial de la spiritualité dominicaine : « Contempler et communiquer aux autres la vérité contemplée... par Marie ».

D'où vient cette note mariale spécifique ?


D’une nécessité pour les temps actuels : celle de la présence de la Vierge Marie, dont saint Louis-Marie de Montfort et saint Maximilien Kolbe ont perçu l'importance pour les âmes en quête de salut dans le désarroi du monde moderne. II nous a semblé très important d'expliciter cette note mariale présente dans la vocation dominicaine : que toute notre vie soit dans l'ambiance mariale, que notre prédication manifeste le rôle de Marie dans l'économie du salut.
L'instrument pédagogique qui rend cela possible, c'est le saint Rosaire, remis par Marie à saint Dominique, non seulement comme méthode de prière, mais aussi comme formule d'apostolat. Le père Vayssière, un grand contemplatif dominicain qui fut longtemps gardien de la Sainte-Baume en Provence, disait que le Rosaire est « un enchaînement d’amour de Marie à la Trinité » (4). Nous mettons en oeuvre cette pédagogie, qui conduit de Marie à la Trinité, notamment dans les « retraites du Rosaire ».

(1) Entratien actualisé de celui qui est paru dans le numéro 91 de Sedes Sapientiae (mars 2005) et en version abrégé dans le numéro 1337 de L' homme nouveau du 2 janvier 2005.
(2) « Missa est actus altius contemplationis quod possit esse », Quadragesimale, sermo 39, Sabbato post Oculi, Sancti Vincentii Ferrerii Opera, studio Caspari Erhard, Augustae Vindelicorum, MDCCXXIX, p. 124 D.
(3) Dialogue, ch.158, trad. Hurtaud, t.2, Paris, Téqui, 1976, p. 273.
(4) Marcelle Dalloni, Le Père Vayssière, biographie et textes spirituels, Paris, Alsatia, 1957, p. 166.





Présentation de l'origine et
de l'histoire de la fondation
par le Père Louis-Marie
de Blignières
(émission de Radio Fidélité).


1979 Fondation de la communauté.
1981 Premières professions.
1982 Aménagement de l'église conventuelle dans les anciens communs.
1986 Suite de l'aménagement des communs (pièces d'accueil).
1987 Les premiers frères commencent à compléter leur cursus d'études thomistes par l'acquisition de diplômes universitaires.
1988 Erection canonique comme Institut religieux de Droit Pontifical et premières ordinations sacerdotales.
1990 Aménagement de la bibliothèque.
1992 Bénédiction de l'hôtellerie par Mgr L.-M. Billé, évêque de Laval.
1995 Approbation par le Saint-Siège des Constitutions définitives.
1996 Construction du cloître et d'un bâtiment conventuel …
1998 Bénédiction du cloître par Monseigneur Armand Maillard -évêque de Laval. lire
1998 Election du Père L.-M. de Blignières comme Prieur de la Fraternité par le Chapitre Général.
2004 Réélection du Père L.-M. de Blignières comme Prieur de la Fraternité.
2004 25ème anniversaire de la fondation du Couvent Saint Thomas d’Aquin.lire le sermon du Père Bernard-Marie Laisney
2006 Ordinations sacerdotales de deux frères. voir les photos
2007 Reconnaissance légale de la Fraternité par décret du Premier Ministre.
2008 Première Ordination sacerdotale d'un frère dans le diocèse.

Pour plus de renseignements sur la vie du couvent à partir de 1994, consulter les chroniques des Nouvelles de la Fraternité.

La Fraternité en son genre de vie, surtout pour la vie intérieure, s'applique à suivre les pas de saint Dominique. La fin propre de son dynamisme apostolique est le témoignage et la prédication de l'Evangile ; un élément particulier de sa spiritualité est l'attention aimante portée au rôle de la Bienheureuse Vierge Marie dans le plan du salut. en savoir plus...