domingo, 16 de março de 2014

Chemin vers la prière intérieure

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Chemin vers la prière intérieure


La prière authentique suppose une purification de l’être à tous ses niveaux. Nous devons apprendre à contrôler, pacifier, purifier :
  • le niveau corporel par la maîtrise du corps et des sens,
  • le niveau affectif par la maîtrise de la vie émotive,
  • le niveau mental enfin par la maîtrise des pensées, des images, des souvenirs.
Cette triple purification met en harmonie ces trois niveaux les uns avec les autres et fait grandir l’être dans son unité. Elle permet aussi la vie en profondeur et la découverte du centre lumineux de l’être, ce « cœur », dont parle la Bible. Les capacités purifiées peuvent s’ouvrir à la Lumière divine et à l’Amour. Nous faisons ainsi l’expérience de la rencontre avec Dieu dans le dialogue intérieur et la contemplation. Il s’agit d’une ascèse moderne qui ouvre l’homme à la réalité et lui donne de pouvoir aimer.
Cette purification ne consiste pas à faire le vide en soi. Nous retirons simplement à chaque niveau de l’être son objet habituel en lui donnant un autre objet plus intérieur et plus profond. Nous ne nous mettons pas dans le vide, mais nous changeons l’orientation de notre activité. Nous quittons ainsi ce qui est plus superficiel pour entrer en relation avec Celui qui nous attend au plus profond de nous-même.
Cela requiert une méthode adaptée à chaque niveau de l’être :
  • le recueillement du corps et des sens s’obtient par la relaxation ;
  • le recueillement affectif s’obtient par la respiration, très dépendante en effet de l’affectivité et des sentiments ;
  • enfin le recueillement mental, comme réduction du discours intérieur, s’obtient par la concentration qui consiste à se fixer sur une seule pensée.
En fait les trois niveaux sont inter-actifs. L’affectivité par exemple dépend aussi du tonus musculaire et en travaillant sur le plan physique, on prépare déjà le niveau affectif. On arrive ainsi au triple silence ou recueillement qui est cessation de tout bruit ou agitation dans le corps, l’affectivité et l’esprit. On se tient dans une attitude consciente d’amour : « Regardez celui qui vous regarde avec amour et humilité », dit sainte Thérèse d’Avila. C’est « une attention amoureuse, sans considération particulière, en paix intérieure et repos » précise saint Jean de la Croix.
Certaines traditions spirituelles ont découvert les ressources positives d’une meilleure connaissance du corps, pour rejoindre la source lumineuse qui brille au fond de l’être. Elles nous permettent d’harmoniser le corps avec l’esprit et de le spiritualiser. Pour arriver dans les profondeurs du cœur, on s’est aperçu de l’importance de certaines fonctions corporelles, de certaines dispositions somatiques comme la posture juste et équilibrée, la détente musculaire et nerveuse, la respiration bien placée, l’accueil des sensations corporelles et des rythmes vitaux (battements du cœur, circulation sanguine), etc.
Il s’agit en somme d’une « sagesse du corps » qui permet d’unifier tout l’être humain et de le faire participer, à tous ses niveaux, à l’expérience méditative profonde. Cette participation du corps à la démarche spirituelle peut être intégrée dans le christianisme qui affirme que le corps est création de Dieu. Et le Créateur « vit tout ce qu’il avait fait : cela était très bon » (Gn.1,31). Ces moyens nous aident à sortir de la conceptualisation exagérée de notre culture occidentale pour nous faire vivre au niveau de l’expérience et descendre de l’esprit au cœur. Elles nous font sortir de la pure réflexion pour entrer dans l’aventure de la rencontre amoureuse avec le Dieu vivant.
Mais l’usage de ces techniques suppose un discernement critique. Elles doivent être détachées de leur contexte philosophique et anthropologique pour être intégrées dans la dynamique propre de la foi chrétienne. Des transformations et des adaptations peuvent apparaître nécessaire en fonction des exigences de la mystique chrétienne. Elles ne nous font jamais oublier que l’action de Dieu est première dans la vision chrétienne de la prière. Elles ne nous dispensent pas non plus de la conversion radicale du cœur, essentielle dans la recherche chrétienne de Dieu. Cette recherche du Visage de Dieu est bien autre chose qu’une contemplation de soi à laquelle mène parfois l’emploi inconsidéré de certaines techniques.
Ces méthodes doivent rester à leur place d’instrument et ne pas se substituer à la fin recherchée. Elles nous aident à ouvrir la porte à « celui qui frappe » (Ap.3,20). Et il arrive un moment où elles doivent s’effacer pour laisser place à la rencontre amoureuse avec celui qui entre pour nous offrir son intimité. Il faut consentir à perdre le chemin à laisser les moyens pour parvenir au terme qui est Dieu.